Les biais cognitifs hérités de l’époque néolithique et leurs conséquences en politique

La pensée est un phénomène biologique. Elle est le fruit de l’évolution, d’une sélection darwinienne aboutissant à une parfaite adaptation de notre cerveau à notre environnement. L’évolution est un phénomène lent, notre cerveau est identique à celui de nos ancêtres chasseurs cueilleurs du néolithique. Physiquement, cerveau compris, nous sommes des chasseurs cueilleurs habillés en Hugo Boss.


Nous sommes conçus pour vivre en petits groupes d’une cinquantaine d’individus fortement soudés prêts à se sacrifier les uns pour les autres (c’est l’origine de nos tendances altruistes). C’était une stratégie payante il y a 50 000 ans dans un environnement stable et qui n’évoluait pas : c’est la stratégie de la tribu. Dans cet environnement, la question de l’individu et des droits naturels était vite réglée car un individu seul était un individu mort. Tout était mis en commun, la pensée était une pensée de groupe qui primait sur la pensée de l’individu, ce qui permettait d’augmenter la cohésion et donc les chances de survie…L’atteinte à la réputation (perdre la face) pouvant entraîner l’exclusion du groupe était encore plus redoutée que la mort.Nous sommes câbles pour cela, génétiquement.


Il y a 10 000 ans, tout a changé avec l’invention de l’agriculture, de l’élevage, des villes, du commerce…le changement accélère de plus en plus, alors que l’évolution a besoin de centaines de milliers d’années pour agir significativement.
Il y a 2000 ans apparaissait le christianisme. Pour la première fois la pensée de l’individu primait sur celle du groupe. Si l’on croit en Jésus, Dieu ne s’intéresse qu’a chacun de nous, un par un, et veut développer avec chacun de nous une relation individuelle.
L’individu peut avoir raison seul face au groupe, il peut (et doit) parfois s’opposer au groupe pour respecter son code moral (les 10 commandements et le droit naturel présenté a l’aide de paraboles, ainsi que le devoir d’aimer son prochain).
La possibilité pour un individu de penser différemment du groupe est la caractéristique majeure de l’occident chrétien, c’est ce qui permet l’innovation (comment innover si vous êtes soumis à la pensée du groupe, si penser différemment entraîne l’exclusion ?). C’est ce qui a engendré le capitalisme et la prospérité dont nous bénéficions tous.


Occident = l’individu prime sur la tribu.


Ici une tension apparaît car notre cerveau est conçu pour un « collectivisme » de tribu. Le collectivisme ne créant pas de valeur, pas de prospérité comme les nombreuses expériences tentées un peu partout l’on démontré systématiquement. Le capitalisme qui assure notre prospérité ne s’impose donc pas comme une évidence aux chasseurs cueilleurs que nous sommes.
La séduction qu’exercent les idées socialistes (socialisme = la tribu prime sur l’individu) se fonde sur des biais profondément ancrés en nous car génétiquement sélectionnés par l’évolution. Combattre ces biais est très difficile, c’est pourquoi il est important d’en connaitre quelques uns :


-) La pression collective : à l’époque des chasseurs cueilleurs, avoir un comportement moutonnier augmentait les chances de survie. Par exemple courir sans réfléchir quand les autres se mettaient à courir évitait de se faire dévorer par un prédateur…Nous sommes conçus génétiquement pour cela.
En politique , ce biais cognitif a d’énormes conséquences : il est très difficile pour un individu de s’éloigner du consensus lors d’un vote à main levée par exemple, ou bien d’affirmer soutenir le capitalisme et la liberté quand vous travaillez dans l’éducation nationale…
Ce biais est la raison de l’efficacité du bourrage de crane réalisé par la presse aux ordres, c’est la fabrication artificielle d’un consensus destiné à créer une pression collective.


-) La réciprocité : à l’époque des chasseurs cueilleurs si vous parveniez à tuer un gros animal, ne pouvant tout manger, vous partagiez votre prise avec les autres membres du groupe. Leur estomac était votre frigo car le devoir de réciprocité vous permettait de pouvoir compter sur les prises des autres les jours ou vous rentriez bredouille…C’est un biais cognitif ancré dans nos gènes, il est extrêmement fort. Si l’on vous offre quelque chose, vous vous sentez redevable.
En politique ce biais est utilisé par les socialistes (la tribu) pour que vous vous sentiez redevable et générer la culpabilité qui permettra de vous manipuler par les émotions.
L’état vous « offre » la sécu, l’éducation nationale, la retraite par répartition…remettre en question ce « cadeau » bouleverse l’homme néolithique qui sommeille en vous et génère inconsciemment un sentiment de honte, d’ingratitude et la peur d’être exclu du groupe.


-) La tragédie des biens communs :L’homme a toujours eu accès à des ressources fournies par une nature illimitée (par rapport au nombre faible d’êtres humains à l’époque des chasseurs cueilleurs). La situation n’a changé que tout récemment, cela fait seulement 10 000 ans que nous avons changé de mode de vie avec l’invention de l’agriculture et des villes. Notre cerveau est conçu pour un fonctionnement en tribu (de 50 personnes environ) dans laquelle tout le monde se connait. Si quelqu’un se mettait à penser uniquement à son avantage personnel, il était rapidement identifié et sanctionné par la punition ultime : l’atteinte à sa réputation. En situation d’anonymat, quand le groupe dépasse la centaine de personnes, la peur de l’atteinte à la réputation disparaît. Chaque individu cherche à maximiser son profit personnel et parfois ce profit personnel s’accumule aux dépends d’une communauté qui en subit les coûts de plus en plus élevés. Nous sommes programmés comme cela, c’est génétique. La propriété collective (socialisme) ne peut pas fonctionner dans le monde moderne. Une politique qui mise sur la responsabilité collective ne peut pas fonctionner car les biais cognitifs sont les plus forts. Il n’y a pas d’autres solutions que de privatiser.


-) Le biais de confirmation : à l’époque des chasseurs cueilleurs, la cohésion du groupe était capitale pour survivre. Cette cohésion était d’autant meilleure qu’un code moral commun et des croyances et rituels communs se mettaient en place (apparition des religions). L’évolution a sélectionné cette aptitude à se convaincre, au renforcement des convictions. Nous avons tendance à sélectionner dans l’actualité uniquement les nouvelles susceptibles de renforcer nos croyances afin qu’elles soient en adéquation avec celles de notre groupe. C’est un biais inconscient et très puissant, même l’objection la plus convaincante est écartée. C’est sans doute ce biais qui rend si difficile un changement d’opinion politique pour un socialiste- malgré les échecs patents et répétés du communisme et du socialisme partout dans le monde -ou un débat apaisé sur le climat…


-) La pensée de groupe : Ce biais est très proche du précédent, nous sommes programmés pour la cohésion, il nous est très difficile de passer pour un trouble fête en exprimant un avis contraire au consensus du groupe et donc de détruire l’harmonie collective. Dans un groupe politique ou une entreprise, la pensée de groupe peut être désastreuse et mener à des erreurs stratégiques.


Des dizaines d’autres biais cognitifs ont été identifiés par les chercheurs : Biais d’autorité, effet de contraste, négligence des probabilités, paresse sociale etc…tous liés au changement brutal que notre style de vie a connu trop récemment pour que notre espèce s’y adapte.


La séduction opérée par le socialisme et les différents collectivismes vient de loin, elle est liée à notre évolution. Elle est largement basée sur des biais cognitifs inconscients. Ces tendances collectivistes sont donc naturelles, génétiques bien que totalement inadaptées à notre environnement moderne. Seule une éducation bien menée peut vaincre partiellement ces biais…en attendant que l’évolution fasse son œuvre.

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